L’exposition, qui sera ouverte jusqu’au 10 mars, propose 110 pièces retraçant toute la vie créative de Mariona Masgrau. La responsable de la section muséale du Topic, María San Sebastián, explique qu’il s’agit « d’une exposition différente, dans laquelle prédominent les marionnettes à fils et où l’on peut voir des marionnettes de grande taille, dont certaines en céramique ».
Comme la créatrice catalane travailla aussi bien pour le public enfant que pour les adultes, San Sebastián souligne que « plusieurs des pièces peuvent s’avérer surprenantes, car elles ne cherchent pas à faire ‘joli’ et certaines d’entre elles peuvent même être qualifiées de dures et choquantes, tout en étant très attrayantes ».
Mariona Masgrau (1949-2007) entretint une relation étroite avec le festival de marionnettes de Tolosa. Tout d’abord, comme membre de la compagnie La Fanfarra, puis plus tard, en solitaire. Elle a visité Tolosa et son Festival à diverses reprises, la première presqu’à ses débuts, en 1987, avec le spectacle La Reina Blanca (La reine blanche). Et pour la dernière fois en 2002, avec l’œuvre De tanto que te quiero (Je t’aime tellement). Son statut de référence au sein de l’univers de la marionnette espagnol et international a conduit le festival Titirijai à miser sur son travail à diverses reprises.
Toni Rumbau, co-fondateur avec Mariona Masgrau du groupe La Fanfarra, déclare qu’« il est difficile de définir le travail de Mariona » mais il évoque une série d’adjectifs qui peuvent nous aider à cerner son art : « courageux, rude, sincère, indépendant, authentique, essentiel, noble, risqué ». En parlant de l’artiste, il affirme que « c’était une femme aux empathies claires, qui n’avait pas la langue dans sa poche au moment de dire les quatre vérités. Ce qui lui valut des amis et des ennemis, avec qui elle eut à composer depuis ces sables mouvants que sont les émotions ». Son œuvre, selon Rumbau, « a réussi à transcender les limites de l’éphémère, cette condamnation qui pèse sur l’art du théâtre ».
Une créatrice exceptionnelle
D’abord réfugiée politique au Danemark (1973-75), elle débute sa carrière de marionnettiste au Portugal. De cette expérience difficile naît sa vocation de marionnettiste, qui se concrétisera à Barcelone par la création en 1976 de la compagnie La Fanfarra avec Eugenio Navarro et Toni Rumbau.
Marionnettiste d’atelier et de scène, elle est la créatrice de toutes les marionnettes des premiers spectacles de la compagnie. Parmi les œuvres de cette époque, on peut citer les titres Malic en Babilonia (Malic à Babylone), La Historia del Rey Triste (L’histoire du roi triste), La Fuente de la Eterna Juventud (La source de l’éternelle jeunesse), Los Pastorcillos (Le jeu du berger), La Leyenda de San Jorge (La légende de saint Georges), etc.
En 1984, La Fanfarra inaugure le théâtre Malic, un espace pionnier de la scène alternative à Barcelone, où Mariona Masgrau participe à la direction et à la gestion. La compagnie entre alors dans l’orbite des festivals internationaux.
À partir de 1995, Mariona Masgrau débute sa carrière en solitaire, d’où naissent des spectacles d’une grande originalité centrés sur le thème de la femme et réalisés en collaboration avec d’autres auteurs comme Ana Maria Moix, Joan Casas et Rafael Metlikovec : Mangalena, Constantina, Sophia, La Capsa de Joguines (La boite à joujoux), De tanto que te quiero (Je t’aime tellement) et El Despertar de las Pasiones (Les passions éveillées).
Après la fermeture du Teatre Malic en 2002, Mariona entreprend une nouvelle aventure avec l’ouverture de l’Espai Fènix, un projet de théâtre-atelier que sa mort interrompra brusquement en 2007.