La première exposition des figures de Damiët a eu lieu à Dordrecht, aux Pays-Bas, il y a dix ans. Le directeur d’Arte House écrivit à son sujet : « Quand j’ai vu les marionnettes et une partie des décors, j’ai été immédiatement séduit, même si je ne savais pas exactement ce que je regardais. Même maintenant, que j’ai pu les tenir dans mes mains, il m’est difficile d’expliquer à quoi est due leur attraction ». On pourrait dire qu’elles sont faites à partir de presque rien : des morceaux de carton, des fils de fer et des plumes, auxquels s’ajoutent des objets trouvés presque par hasard chez soi, comme une cloche, un éventail ou un morceau de fruit…Ces matériaux « pauvres » sont malgré tout considérés comme raffinés et coûteux.
La combinaison spontanée de différentes matières éveille chez le spectateur des fantaisies surréalistes ; d’ailleurs, il se peut même qu’elle associe toute la magie et le primitif au monde intérieur des tout-petits, une source d’inspiration pour beaucoup d’artistes. L’aura d’enchantement, qui peut évoquer des sentiments que nous gardons souvent sous clé, un monde obscur de terreur, de peur et de tension, n’altère pas l’image joyeuse des marionnettes si singulières et si gaies. C’est cela à mon avis qui fait que nous n’arrivons pas à détourner nos yeux de l’œuvre de Van Dalsum : l’absurdité du mélange. Pour ce qui est du plaisir, de l’emploi des matériaux et de l’éveil des sentiments, je ne vois guère plus de différence qu’avec un tableau ou une sculpture. Une raison de plus donc pour permettre leur exposition dans un contexte artistique.